Wolfheart

    Si l'on te regarde juste, on croirait un ange. Malheureusement, tu es souvent un démon dans un corps d'ange.
    Tout le temps tu te lèves du mauvais sabot, ou bien tu es grincheux de nature. Peut-être aussi que ton rôle de cheval de colonel, le plus haut placé dans la hiérarchie t'a monté à la tête, ce qui m'étonnerait peu. Tu n'es pas non plus prétentieux, ou peu, dans ce cas. Tu es simplement impatient, et agressif à tes heures perdues. Mieux vaut te caresser dans le sens du poil, dans tout les cas.
    Soit tu as raison, soit on a tort. C'est cela ta devise. L'étalon le plus entêté du monde, ce qui peut laisser place à des discussions assez actives, pour bien le dire. De plus, tu es rusé, et cherche toujours des raisons de laisser les autres aller dans ton sens.
   Mais, dans tous les cas, tu seras loyal à ton propriétaire, et responsable.

     Tu ne t'es depuis longtemps regardé dans une flaque d'eau, mais je vais te rappeler à quoi tu ressembles. Un magnifique bai qui fait détourner les regards quand tu passes. D'un marron cuivré, ta robe fait ressortir tes muscles saillants, dus à plusieurs années d'entraînement. Tes crins courts ébènes sur ton toupet ont une fâcheuse tendance à rebiquer, ce qui fait râler à longueur de journée le colonel.
    Une balzane sur ton membre antérieur droit remontant jusqu'au genou est blanche, blanche comme la neige, comme la colombe. Tes jambes sont fines, mais résistantes malgré tout au sol rocailleux du désert sec.
    Parlons maintenant de ta tête. Si l'on oublie ton toupet capricieux, tu es tout simplement, symétrique, et beau. Ta liste en forme de losange est située au milieu tout pile de ton front. Elle est encadrée de tes yeux verts, verts comme l'herbe haute de ses rêves, envoûtants. Quant à ton naseau, il est doux comme du coton, et forme un dégradé de marron, allant du plus foncé au plus clair.

     Tu es né une belle matinée d'été, retardé par rapport aux autres poulains. Où ? Dans une écurie de luxe, qui possédait des hectares entiers de terrains verts, où vous passiez vos journées. Vous, c'est toi et ta mère, un jument blanche. Les autres de ton âge, bien qu'ils soient plus vieux que toi, te semblaient trop joueurs, et perturbants.
     Tout de suite tu as été remarqué, par ta robe et ton caractère peu semblable parmi les équidés. Un solitaire. Tu as été beaucoup impressionné par les humains, toi aussi. Ces êtres qui dominaient un étalon de taille supérieure. Tu as fini par délaisser ta mère, lassé. Et tu t'es donc rapproché des bipèdes, qui t'ont dressé sans problème.
     Ta vie se résumait à être monté, sauter ou bien dormir et manger. Une existence pas bien excitante, ou du moins, à ton goût. Mais tu ne pouvais rien y faire, ton pré était éloigné de celui des autres, et les clôtures bien trop solides pour être cassées. Tu n'as même pas songé à faire tomber ton cavalier, tu l'aimais tellement. Oui, c'est bien la seule personne que tu as apprécié, tout au long de ta vie.
    Un jour, à environ 6 ans, on t'a embarqué dans un bateau, pour un long périple. Si tu avais su que jamais tu ne reverrais ces collines familières, et ces lads, tu te serais enfuis en courant, mais tu ne le savais pas. Tu as beaucoup souffert mentalement de ce voyage, où la plupart de tes camarades, peu résistants et forts, périrent. Tu ne comprenais pas, toi qui était toujours le premier à l'abreuvoir et au foin, poussant avec méchanceté les autres, ne te souciant pas de leur bien-être.
    On t'a emmené dans un fort, situé en plein canyon, bien différent de ton ancien lieu de vie, mais confortable tout de même. Tu es arrivé chez les cow-boys.Qu'en dire ? Ton cavalier est bien moins gentil que l'ancien, tu ne l'aimes pas. Peut-être même que tu le détestes, mais tu t'y fais, pas le choix !
En soit, tu ne t'es même pas intéressé à tes voisins de box, tous des incompétents à ton goût. De plus, tu les domine tous par ton rang, et il te doivent respect, ce ne sont que des poussières à côté de toi.
Si ils te regardaient de travers, tu faisais mine de les mordre ou roulais tes muscles des épaules comme tu savais si bien le faire. Même si la plupart du temps, ils t'évitaient, ta mine renfrognée en disant beaucoup sur ton caractère grincheux.